Nystagmus paroxystiques bénins:
Etat actuel de la question
Dr. R. Boniver
Le vertige paroxystique bénin est un vertige brutal, doù son appellation paroxystique, qui peut survenir :
soit spontanément,
soit lors dun changement de position,
soit dans une position déterminée.
La définition de vertige paroxystique bénin pourrait dès lors sétendre à un accident labyrinthique aigu brutal, comme par exemple une neuronite ou un accident vasculaire de loreille interne. Ce sont des affections bénignes, même si les symptômes qui en découlent sont importants.Ce nest pas le propos de notre exposé. Nous envisagerons dans cet exposé les vertiges paroxystiques bénins dits de positions, cest-à-dire déclenchés par une position ou apparaissant dans une position bien déterminée. Ces vertiges saccompagnent dun nystagmus appelé "nystagmus paroxystique bénin" (NPB). Il est important, dès lors, de définir le nystagmus spontané et le nystagmus de position :
Le nystagmus de position est un nystagmus qui apparaît ou qui change de forme ou dintensité dans certaines positions de la tête. Il nest pas nécessairement paroxystique.
Le nystagmus spontané est un nystagmus persistant dans toutes les positions, de direction fixée et de vitesses de phase lente constantes.
Les nystagmus de position sont connus depuis longtemps et plusieurs classifications furent proposées (Nylen 1950, Lindsay 1951, Dix et Hallpike 1952, Aschan 1961 entre autres).
Classification de Lindsay (1951) :
- Type I : nytagmus de position de direction changeante :
nystagmus persistant.
nystagmus de durée limitée,
apparition rapide du nystagmus,
apparition retardée du nystagmus.
- Type II : nystagmus de direction fixée :
nystagmus existant seulement dans une mise en position,
nystagmus spontané augmentant au moment de la mise en position.
Classification de Aschan (1961) :
Type I : nystagmus permanent changeant de direction suivant la position de la tête.
Type II : nystagmus permanent de direction constante dans toutes les positions de la tête.
Type III : nystagmus transitoire.
Les nystagmus paroxystiques bénins appartiennent à cette catégorie.
2. CARACTERISTIQUES DES NYSTAGMUS DE POSITION
Les caractéristiques des nystagmus de position son variables suivant les conditions dexamen. Nous envisagerons les nystagmus de position observés :
yeux fermés
yeux ouverts dans une luminosité normale
yeux ouverts dans lobscurité.
2.1. YEUX FERMES
Lélectronystagmographie, en permettant détudier les mouvements oculaires yeux fermés, a bouleversé ces classifications.
1) Barber et Wright (1973), après avoir étudié le nystagmus de position chez les sujets normaux, en ont défini les critères de normalité dans les 8 positions suivantes :
Patient couché, tête relevée de 30° par rapport à lhorizontale.
Patient couché, tête à plat.
Patient couché, corps en oblique de 45° vers la droite.
Patient couché, corps en oblique de 45° vers la gauche.
Le corps entièrement incliné de 15° à partir des pieds, tête en rectitude, de façon quelle soit inclinée vers larrière.
Tête inclinée de 45° vers la gauche, dos à plat.
Tête inclinée de 45° vers la droite, dos à plat.
Patient en position debout.
Quand les 8 positions sont testées, un nystagmus réel, consistant en 3 battements consécutifs au moins, doit être trouvé dans 6 ou plus des positions pour être considéré comme probablement pathologique. Quand sajoutant aux 6 positions, une moyenne des vitesses de phase lente du nystagmus de 9°/sec. ou plus est trouvée dans une ou plusieurs positions, le nystagmus de position est considéré comme réellement pathologique.Si on teste seulement 4 ou 5 positions, la vitesse moyenne de phase lente est ramenée à 7°/sec. Si une simple secousse réelle, sans artefact, atteint lintensité de 14°/sec. à un moment donné de lenregistrement, le nystagmus est pathologique. Pour 8 positions de la tête testées, sil y a une anamnèse de vertiges de position et si un nystagmus est identifié dans seulement 3 ou 5 positions, et spécialement si à ce moment lintensité mesurée est de lordre de 4 à 6°/sec., lenregistrement est considéré comme probablement pathologique, parce que ce patient aurait pu navoir aucun nystagmus de position avant son affection. Par contre, si ces données se rencontrent chez un patient sans anamnèse de vertiges de position, le tracé est considéré comme normal. Parfois, on trouve un nystagmus de position décrit comme pathologique au vu des critères cités ci-dessus sans autre anomalie organique. Si on est certain quil ny a pas une étiologie iatrogène, comme par exemple la prise de barbiturates, alcool ou diphénylhydantoïne, ce patient sera suivi régulièrement à intervalles de 6 mois. Que les yeux soient ouverts ou fermés, quand un nystagmus de position change de direction pendant que lon maintient la tête dans une position déterminée, ce nystagmus sera toujours considéré comme pathologique et, de plus, considéré comme révélateur dune atteinte très probable du système nerveux central.
2) Nayant pas à notre disposition la table mobile qui permet détudier les 8 positions décrites par Barber, nous avons en 1981 réalisé une étude en recherchant le nystagmus dans 5 positions :
couché, tête relevée de 30° (position des épreuves caloriques)
couché, tête à plat
décubitus latéral gauche
décubitus latéral droit
patient assis, tête en rectitude.
Cette étude fut réalisée, les sujets ayant les yeux fermés avec maintien de létat de vigilance par un calcul mental.Elle excluait les sujets présentant un vertige paroxystique de position. Nous avons trouvé un nystagmus dans au moins une position chez 1025 sujets, soit 41% des cas. Or chez 22%, soit 550 cas, le nystagmus ne répondait pas aux critères définis par Barber. Ce pourcentage est identique à celui que nous avions constaté dans une étude antérieure chez les sujets normaux (Boniver,Demanez et Lennes). Ce pourcentage diffère des résultats obtenus par Barber (92 nystagmus de position sur 112 sujets normaux) et de Stahle (1958 : 0 sur 50 sujets normaux). De ces 22%, 5% (125) étaient des sujets sans lésion labyrinthique ni des voies vestibulo-oculomotrices, et les 17% restant présentaient un examen labyrinthique avec lune ou lautre anomalie. Les 78% restant (1950 cas) avaient un nystagmus de position anormal dans au moins 3 des positions. Nous navons pas trouvé de corrélation entre lintensité du nystagmus de position, le nombre de position où il était mis en évidence, et létiologie de la lésion : atteinte labyrinthique périphérique ou atteinte centrale des voies vestibulo-oculomotrices.
Ces nystagmus de position ont été retrouvés, entre autres :
dans des neuronites
dans des troubles vasculaires labyrinthiques
dans des maladies de Ménière
dans des insuffisances vertébro-basilaires avec atteinte centrale des voies vestibulo-oculo-
motricesdans deux neurinomes de lacoustique
dans 10 cas de sclérose en plaques.
Il paraît donc que ce nystagmus nest pas pathognomonique dune lésion précise du système vestibulo-oculomoteur. Il est nécessaire de remarquer, en accord avec Barber, quon peut le retrouver comme seul signe pathologique dans des séquelles de commotion cérébrale (10 cas sur 2500). Yeux fermés, avec ENG, daprès nos recherches, létat de vigilance étant maintenu, le nystagmus spontané sera considéré comme pathologique (testé dans 5 positions) et ce en accord avec Barber :
sil est présent dans au moins 3 positions
si la vitesse de phase lente moyenne est supérieure à 7°/s
si une simple secousse, sans artefact, atteint 14°/s à un moment donné de lenregistrement
si la vitesse de phase lente étant inférieure, lanamnèse évoque un vertige de position, et si on na pas denregistrement antérieur objectivant labsence de nystagmus.
si un nystagmus change de sens pendant que la tête est maintenue dans une position
déterminée.
2.2.YEUX OUVERTS EN LUMINOSITE NORMALE
On peut retrouver un nystagmus soit dans la position de Hallpike, soit dans la position de Rose, soit dans dautres positions. Le nystagmus paroxystique bénin mis en évidence par Dix et Hallpike est une forme de nystagmus de position de type III de la classification dAschan. Pour rappel, le nystagmus décrit par Dix et Hallpike est mis en évidence les yeux ouverts en fixant un point, tête tournée de 45° environ sur une épaule, puis en rectitude avec le tronc basculée latéralement sur un plan inférieur de 30° par rapport à lhorizontale. Il sobserve sans lunettes de Frenzel, le sujet fixant le front de lexaminateur. Avec lunettes de Frenzel, le nystagmus est parfois plus facilement observable dans les différentes positions, mais il faut tenir compte du fait que lon supprime linfluence de la fixation oculaire qui a un rôle inhibiteur bien connu sur le nystagmus dorigine labyrinthique. En 1985, dune part léquipe de Pagnini, en Italie, et Mac Clure aux Etats-Unis, mirent en évidence, sous lunettes de Frenzel, les nystagmus bénins en décubitus latéral, nystagmus qui avaient des caractères se rapprochant de celui mis en évidence dans la position de Hallpike. Nous en discuterons la symptomatologie dans un paragraphe ultérieur.
2.3. YEUX OUVERTS DANS LOBSCURITE sous contrôle vidéonystagmographique (VNG)
La VNG a bouleversé la sémiologie des nystagmus spontané et de position. La VNG facilite lobservation des nystagmus paroxystique. Elle permet détudier les composantes multidirectionnelles des nystagmus paroxystiques bénins et de préciser leurs caractéristiques.Elle permet dobserver lévolution des nystagmus spontanés et les caractéristiques des nystagmus de position non paroxystiques. Je réalise actuellement une étude pour en préciser les caractéristiques pathologiques et il semble - mais cela est prématuré de laffirmer - que lon soit proche des critères évoqués pour les nystagmus observés yeux fermés sous ENG.
Différentes hypothèses furent évoquées pour expliquer lorigine des vertiges et des nystagmus paroxystiques bénins :
- origine cérébelleuse :
Riesco et Mc Clure, ayant mis en évidence un nystagmus paroxystique bénin chez un sujet présentant un gliome du tronc cérébral, ont postulé que ce nystagmus était dû à une perte de linhibition par le cervelet du système vestibulaire. Fernandez, par des expériences chez le chat, mit en évidence un nystagmus de position en enlevant le nodulus du cervelet.
- origine cervicale :
Jongkees puis Cope et Ryan ont postulé que des traumatismes cervicaux ou des lésions dégénératives comme la spondylose perturbaient les informations proprioceptives, ce qui pouvait entraîner un nystagmus paroxystique bénin.
- origine vasculaire :
Sanstrom a suggéré quune compression vertébrale par des ostéophytes entraînant une ischémie cérébrale pouvait donner un nystagmus de type paroxystique bénin.
- origine labyrinthique :
Lorigine labyrinthique des nystagmus paroxystiques bénins a été suggérée par de nombreux auteurs. Miehlke (1955) mit en évidence lexistence dun nystagmus paroxystique bénin à la suite dun traumatisme ayant produit un écoulement de sang dans la périlymphe. Stenger (1955) observa un nystagmus paroxystique bénin suite à une fistule labyrinthique. Citron et Hallpike (1956) constatèrent que la destruction du labyrinthe responsable supprimait le nystagmus paroxystique bénin. Schuknecht (1969) définit le terme de "cupulolithiase" en mettant en évidence des dépôts basophiles sur la cupule du canal semi-circulaire postérieur. Uemura et Cohen (1973) montrèrent linfluence inhibitrice sur le nystagmus de position des lésions rostrales du noyau vestibulaire descendant, zone qui reçoit lactivité électrique des organes otolithiques. Fluur (1973-1974) émit lhypothèse que le nystagmus paroxystique bénin était dû à une perturbation de lintégration des influx utriculo-ampulaires.Fluur (1974) et Kornhuber (1974) démontrèrent que la stimulation directe des otolithes - ne donne pas naissance à un nystagmus de ce type. Kornhuber (1974) évoqua la possibilité de troubles mécaniques dans un canal semi-circulaire par exemple suite à un caillot de sang ou de petites agglomérations de cellules desquamées dans lendolymphe ou dans la périlymphe. Mayne (1974) et Oosterveld (1976) évoquaient une perturbation du système intégrant les influx nerveux issus de lutricule et des canaux semi-circulaires. Hall (1979) proposa que des débris dotoconies flottaient dans lendolymphe et entraînaient le nystagmus paroxystique bénin. Il évoqua le premier la notion de "canalolithiase". Gordon (en 1992) évoqua la possibilité dune bulle dair flottant dans les canaux semi-circulaires pour expliquer le nystagmus paroxystique bénin. Cette théorie nest pas supportée par certains caractères de ce nystagmus : en effet, elle nexplique pas, par exemple, la direction du nystagmus vers loreille la plus haute lorsque le patient réalise une rotation du corps de 180°. Dans un travail récent, Brandt et Steddin (1993) présentèrent les arguments en faveur et contre la canalolithiase :
Pour la canalolithiase :
la canalolithiase est compatible avec tous les faits cliniques du nystagmus paroxystique bénin et avec tous les arguments contre la cupulolithiase.
le nystagmus de position dirigé vers loreille qui est dirigée vers le haut lorsquil est induit par une rotation de 180° de la tête apporte une preuve indirecte de la canalolithiase.
les signes sont compatibles avec les caractéristiques du nystagmus paroxystique bénin horizontal.
Contre la canalolithiase :
données histologiques de dépôt dans les canaux semi-circulaires chez des patients asympto-matiques.
début brutal de la maladie. On devrait sattendre, vu la libération des particules, à un début progressif.
Pour la cupulolithiase :
données histologiques mettant en évidence des débris qui paraissent attachés à la cupule du canal semi-circulaire postérieur.
Contre la cupulolithiase :
on ne met pas en évidence de nystagmus paroxystique bénin avec des mouvements de secousse de la tête lents prenant plus de 6 sec.
il ny a pas de vertiges typiques avec des accélérations linéaires de la tête.
la direction et lintensité du nystagmus et du vertige provoqué ne sont pas le reflex de la position de la cupule lourde en relation avec la gravité.
la courte durée du nystagmus de position (moins quune minute) lorsque la tête reste sans mouvement.
la fatigabilité clinique en répétant la manoeuvre plusieurs fois.
lévolution spontanée malgré la sévérité variable des attaques.
lefficacité de la thérapeutique par des moyens physiques avec des phases de rémission non prévisibles et des échecs.
incompatible avec la direction du nystagmus dans le nystagmus horizontal paroxystique bénin.
Lensemble de ces théories, cependant, nexplique pas certains nystagmus paroxystiques, tel que celui observé après lingestion dalcool ou lingestion également deau lourde, quoique dans ces cas le nystagmus se comporte comme sil était provoqué par une cupulolithiase. Quelques observations laissent planer quelques doutes sur le rôle exact de la canalolithiase :
1) Welling (1997) et ses collaborateurs, étudiant le canal semi-circulaire de patients avec et sans histoire clinique de vertige paroxystique bénin, mirent en évidence les faits suivants :
chez 73 patients opérés dune chirurgie labyrinthique pour neurinome ou labyrinthectomie, aucune particule ne fut observée dans les canaux semi-circulaires.
chez 26 patients opérés de vertige paroxystique bénin rebelle par occlusion du canal semi-circulaire postérieur, 8 patients présentaient des particules libres dans le canal semi-circulaire.
de 70 os temporaux archivés, sans histoire de nystagmus paroxystique bénin, 31 ne montraient pas de modification post-mortem ni de cupulolithiase ni de canalolithiase. Les autres bien présentaient des anomalies sans symptômes cliniques antérieurs.
2) Kveton (1994), chez 10 patients opérés de neurinome de lacoustique et chez lesquels il avait réalisé une fenestration du canal semi-circulaire postérieur, mit en évidence des particules libres chez 9 dentre eux, alors quun seul décrivait précédemment un nystagmus paroxystique bénin. Il semble donc que la présence dune canalolithiase ne déclenche pas nécessairement subjectivement un vertige paroxystique bénin. Pourquoi la canalolithiase chez certaines personnes donne-t-elle ces symptômes, pourquoi pas chez dautres, des recherches doivent encore être entreprises ?
Il est donc très probable que des mécanismes plus complexes interviennent et notamment des interréactions entre les activités des canaux semi-circulaires horizontaux et verticaux et des interrelations entre ces canaux semi-circulaires et les otolithes, interréactions que suggérait déjà Fluur antérieurement. Des études récentes ont été faites pour étudier linterrelation entre les otolithes, les canaux semi-circulaires et le nystagmus paroxystique bénin. Anastasopoulos et colloborateurs, dans un article publié dans les Acta de Stockholm en 1997, étudient leffet dune stimulation linéaire horizontale, stimulation qui normalement excite lutricule dans des cas de vertige paroxystique bénin. Ils concluent que les réflexes linéaires vestibulo-oculomoteurs ne sont pas modifiés de façon significative en présence dun nystagmus paroxystique bénin. Iida et collaborateurs, dans un article publié dans ORL de Bâle de 1997, étudient la stimulation pendulaire non amortie, la tête étant mise en position de 60° en arrière puis tournée de 45° soit vers la droite soit vers la gauche chez 6 patients présentant un nystagmus paroxystique bénin. La stimulation pendulaire avait une amplitude de 360°, une fréquence de 0,1 Hz. et une vitesse maximum de 114°/sec. Ils mirent en évidence une hypoexcitabilité du canal semi-circulaire postérieur du côté affecté par rapport au canal semi-circulaire antérieur. Dautre part, il ne faut pas perdre de vue quà lorigine de la libération dotolithes ou de microcristaux dans le canal semi-circulaire ou à lorigine de mécanismes pouvant simuler une canalolithiase se trouvent parfois des troubles importants du métabolisme ou des anomalies du système nerveux central.Kikuchi et collaborateurs, en 1995, dans une étude par résonnance magnétique nucléaire de 35 patients présentant des nystagmus de positions du canal semi-circulaire horizontal, dont 20 de type apogéotropique et 15 géotropiques, mirent en évidence un ralentissement de la circulation du tronc basilaire chez 14 patients et des lacunes dans le tronc cérébral chez 7 autres patients.Il est donc important de réaliser un bilan otoneurologique complet, afin de préciser lorigine de laffection. Le succès du traitement en dépendra.
1. Le vertige paroxystique bénin classique
(V.B.P.P.V. : Vertical Benign Positional Paroxystic Vertigo): mis en évidence par la manoeuvre de Hallpike est associé à un nystagmus qui a les caractéristiques suivantes :
latence souvent marquée parfois jusque 15 sec., parfois très courte et non visible,
sensation de détresse ou de vertige précédant et accompagnant le nystagmus,
nystagmus rotatoire vers loreille la plus basse dont lintensité augmente dune fraction de seconde à 10 sec. suivant les cas, puis diminue et disparaît, la tête étant maintenue en position déquilibre.
au redressement, le nystagmus sinverse et est accompagné de vertiges.
il disparaît après quelques manoeuvres.
Classiquement, si lun des caractères est absent, le nystagmus nest plus un nystagmus paroxystique bénin. En 1982, dans une étude que javais publié dans le journal français dotorhinolaryngologie, sur 194 cas de nystagmus paroxystique bénin, dont 138 unilatéraux et 56 bilatéraux, javais mis en évidence les faits suivant :
un des caractères du nystagmus peut être absent sans que lon objective une atteinte centrale des voies vestibulo-oculomotrices et en ayant une évolution de type nystagmus paroxystique bénin, sans développement dune autre pathologie pour le malade.
il existe un syndrome où le nystagmus paroxystique bénin sous sa forme typique existe pendant quelques jours à quelques semaines, disparaît pendant un laps de temps plus ou moins long puis réapparaît. Ce syndrome est fréquent chez des personnes hyperparasympathicotoniques, souvent lors dune période de fatigue ou chez des personnes présentant de larthrose cervicale.
lorsque le nystagmus est très intense, on peut parfois mettre en évidence, dans la position de Hallpike hétéro-latérale, un nystagmus rotatoire vers le côté opposé à linclinaison de la tête apparaissant après une latence variable durant quelques secondes, parfois intense.
chez les sujets où le nystagmus existe depuis plusieurs années, ces caractères typiques peuvent varier dun examen à lautre et le nystagmus peut perdre transitoirement sa composante rotatoire pour devenir vertical par exemple.
le nystagmus paroxystique bénin est inhibé lorsque, avant le test, le patient est en position assise, loreille controlatérale est irriguée avec de leau chaude ou froide. Cette expérience a été réalisée chez 15 sujets présentant un nystagmus paroxystique bénin récent, un phénomène semblable avait été mis en évidence par des travaux antérieurs réalisés en 1977 par Ledoux et Devos. Dans un autre travail,(1977) , javais mis en évidence labsence de corrélation entre le nystagmus paroxystique bénin et le syndrome de prépondérance directionnelle du nystagmus.
2. Nystagmus paroxystique bénin du canal horizontal : (H.B.P.P.V. : Horizontal Benign Positional Paroxystic Vertigo)
En 1985, Cipparone et coll. en Italie et Mc Clure aux Etats-Unis mirent en évidence le nystagmus paroxystique bénin du canal semi-circulaire horizontal. En 1989, Pagnini et ses collaborateurs décrivèrent une série de 15 patients présentant cette symptomatologie. Ils décrivirent les caractéristiques de laffection :
Le vertige apparaît après une latence très brève ou de quelques secondes lors de la mise en position en décubitus latéral.
Le nystagmus est un nystagmus horizontal rotatoire dirigé soit vers le sol cest à dire géotropique ou dans le sens inverse soit apogéotropique.
Il augmente rapidement de fréquence puis diminue progressivement, sa durée peut être dun peu plus de 30 sec. et parfois il peut sinverser devenant de géotropique à apogéotropique. Il peut être horizontal plutôt quhorizontal rotatoire.
Il peut sinverser lors de la position en décubitus latéral opposé.
Il peut être inhibé par la fixation oculaire.
En 1996, lors dun symposium à Milan, les mêmes auteurs décrivent la série suivante :
Nombre de cas : 87 cas : - 64 géotropique (74%)
21 apogéotropique (24%)
2 cas nystagmus apogéotropique persistant (2%)
- Symptômes : (84%)
une crise nocturne ou matinale au lever
toujours avec sensations vagales
toujours instabilité posturale orthostatique
- Etiologie : idiopathique : 67% des cas.
- Signes cliniques :
N géotropique (74% des cas)
horizontal pur avec latence parfois très brève :
soit augmentant progressivement puis diminuant puis sinversant
spontanément dans 69 % des cassoit dintensité moyenne avec inversion spontanée dans 11 % des cas
soit de direction constante dans 24 % des cas
Accompagné de
aréflexie labyrinthique ipsilatérale dans 20 % des cas
hyporéflexie ipsilatérale dans 44 % des cas
normoréflexie dans 36 % des cas
Hallpike : 8 % des cas. Il succède à un nystagmus en position de Hallpike
dans 9 % des cas.3. Cas complexes :
Il existe des cas où un vertige paroxystique bénin dû à une lésion unilatérale peut ressembler à un vertige paroxystique bénin bilatéral. Ces cas ont été décrits pour la première fois par Steddin et Brandt. Il existe également dautres cas où les manoeuvres de réhabilitation, que nous décrivons par la suite, peuvent modifier un nystagmus paroxystique bénin intéressant le canal semi-circulaire postérieur en nystagmus paroxystique bénin du canal semi-circulaire horizontal ou antérieur. Ces cas furent décrits pour la première fois par Herdman et Tusa :
1) Vertige paroxystique bénin unilatéral stimulant un vertige paroxystique bénin bilatéral.Steddin et Brandt décrivent leurs cas de la façon suivante : "Le mécanisme de canalolithiase permet de prédire la direction et la durée du vertige rotatoire et les nystagmus provoqués par des positions variables de la tête ou des manoeuvres de positionnement.Par exemple, dans le cas dun patient présentant une lésion gauche, en position assise dans une position normale, tête droite, sa tête étant tournée de 45° vers loreille saine et ensuite inclinée brusquement à angle droit vers le côté de loreille saine, lhypothèse de la canalolithiase prévoit que les particules libres devront rester sur la cupule du canal semicirculaire postérieur défléchissant ainsi la cupule dans le sens ampulopète comme dans la cupulolithiase.Cette position de la cupule cause une inhibition à la fois du muscle oblique supérieur de loeil du côté malade et du muscle droit inférieur du côté sain. Il en résulte un nystagmus géotropique rotatoire du côté de loreille saine qui est dans leur position la plus basse. Ces considérations sont nécessaires pour linterprétation des manoeuvres diagnostiques.Lorsque le patient est assis la tête droite, les débris otolithiques sont localisés du côté ampulofuge de lampoule du canal semi-circulaire postérieur, ce qui ne cause pas de stimulation dans la position tête droite. Si le patient est rapidement secoué vers loreille malade sans rotation concomittente de la tête, cest à dire le nez dans un plan horizontal après la mise en position, les débris se mobilisent vers la partie inférieure du canal. Il en résulte une attaque typique de vertige paroxystique bénin. Cependant, si le patient est mobilisé avec le maintien de la tête et de la nuque en rectitude avec le tronc, du côté opposé, cest à dire du côté droit, le canal semi-circulaire du canal affecté qui est à présent en position déclive, peut aussi être stimulé par les débris. Dans cette position de la tête, le plan du canal semi-circulaire postérieur est secoué verticalement dun angle approximatif de 45° : les débris gravitent alors et viennent se fixer sur la cupule mais, à présent, à cause de la gravité, ils défléchissent la cupule dans un sens ampulopète. Il en résulte un vertige de position et un nystagmus vers loreille la plus basse cest-à-dire vers loreille saine. Afin de faire le diagnostic différentiel de ces nystagmus paroxystiques bénins bilatéraux, Steddin et Brandt proposent la séquence de manoeuvres de positionnement suivante : le plan du canal semi-circulaire suspecté de lésion doit être ajusté complanairement au plan dans lequel le mouvement latéral est réalisé. Dans le cas dune lésion gauche, la tête est mise en rotation de 45° vers la droite, puis maintenue en rectitude par rapport au tronc, est basculée de 90 vers la gauche. Ces manoeuvres garantissent une excitation maximun du canal semi-circulaire postérieur sous-jacent par une déflection ampulofuge de la cupule tandis que le canal semi-circulaire postérieur controlatéral qui est dans un plan presque perpendiculaire au plan du corps secoué, cest-à-dire dans un plan horizontal nest pas stimulé.
2) Complications de la procédure de reposition de la lithiase canalaire et transformation du nystagmus paroxystique bénin vertical en nystagmus paroxystique bénin du canal semi-circulaire horizontal. Herdman et Tusa, utilisant une manoeuvre de Epley modifiée ont produit dans 5 cas sur 85, cest-à-dire dans 6%, un nystagmus paroxystique bénin du canal semi-circulaire antérieur et dans trois cas un nystagmus paroxystique bénin du canal semi-circulaire horizontal. Ils attribuent ces modifications au déplacement dans les canaux semi-circulaires des débris issus du canal semi-circulaire postérieur.
5. TRAITEMENT DU VERTIGE PAROXYSTIQUE BENIN
Le diagnostic différentiel étant fait et après que lon se soit assuré quaucune autre affection du système nerveux central ne soit sous-jacente au vertige paroxystique, on peut entreprendre des manoeuvres de rééducation.
1° Pour le vertige paroxystique bénin, mis en évidence dans la position de Hallpike: VBPPV, je citerai, sans être exhaustif.
1. Les manoeuvres de Brandt et Daroff (1980)
de Harvey (1994), de Semont, de Toupet, de Epley, de Herdman
2. Le Vestibular Habituation Training (VHT) de Marcel NORRE
Le Vestibular Training (VT) de Fujino et al.
2° Pour le nystagmus paroxystique bénin horizontal : HBPPV.
1. La manoeuvre de Lempert
2. La manoeuvre de Vanucchi
3. Le Vestibular Habituation Training de Marcel Norré.
Ne jamais oublier de rechercher les facteurs généraux et exclure toute atteinte des voies vestibulaires centrales. Si échec des manoeuvres et échec de tout traitement :
section du nerf (Gacek)
oblitération du canal semi-circulaire (Parnes)
DESCRIPTION DES DIFFERENTES MANOEUVRES:
1° Les manoeuvres de Brandt et Daroff (1980)
Technique
Les patients sont assis avec les yeux fermés et balancés latéralement du côté de la position déclenchante avec leur occiput touchant le lit. Ils restent dans cette position tant que le vertige subsiste. Ils sont ensuite redressés en position assise pendant 30 secondes, puis balancés dans la position opposée pendant 30 secondes. Si un vertige se produit dans cette position opposée, la position est maintenue jusquà la disparition des symptômes. La séquence des mises en position est reproduite jusquà la disparition du vertige.La manoeuvre est exécutée par les patients eux-mêmes toutes les 3 heures, jusquà ce quil reste 2 jours de suite sans vertige. Le nystagmus de position est observé quotidiennement par lunettes de Frenzel. Résultats décrits par Brandt et Daroff :
66 patients sur 67 furent guéris entre 3 et 14 jours, la moyenne étant de 7 à 10 jours.
Le patient qui ne répondit pas au traitement avait un vertige dû à une fistule labyrinthique mimant un nystagmus paroxystique bénin.
2° Manoeuvre de Harvey (1994):
Technique :
Le patient est mis dans la position de Hallpike, la tête tournée de 45° vers loreille affectée.Après disparition du nystagmus, le patient est maintenu dans cette position pendant à peu près 2 minutes. Ensuite, la tête est tournée par étapes de 15-20°, chacune suivie dune période de repos de 30 secondes vers le côté opposé, jusquà ce que la tête ait tourné aussi latéralement que possible vers loreille non affectée. A ce moment, le patient se met en décubitus latéral du côté de cette oreille, de telle façon que la rotation complète de la tête dans cette position atteigne, par rapport au point initial, un angle de 135° par rapport à la verticale. La rotation totale de la tête faite de cette façon est à peu près de 180°. Ensuite, le patient est lentement assis la tête en rectitude. Il est ensuite averti déviter des rotations rapides de la tête et la position couchée pendant
48 heures, déviter de se coucher sur loreille affectée pendant 1 semaine.3° Manoeuvre de Semont : la manoeuvre de Semont a été suffisamment décrite dans dautres textes (fig. 1 à 10)
4° Manoeuvre de Toupet : il sagit dune manoeuvre de Semont légèrement modifiée.
5° Manoeuvre de Epley :
EPLEY a lhabitude de prémédiquer son patient avec de la Scopolamine par voie transdermique ou du Valium à la dose de 5 mgr. le jour avant lexamen. Lintervalle de temps entre chaque position est de 6 à 13 secondes, mais peut être prolongé jusque 30 secondes en fonction des symptômes présentés par le patient. Le cycle complet de la séquence est répété jusquà ce que lon nobserve plus de nystagmus dans un des mouvements ou que lon nobserve plus de nystagmus du tout pendant au moins deux répétitions complètes des exercices.Les patients sont avertis déviter de mettre la tête en arrière ou en avant pendant 48 heures après le traitement.Les manoeuvres peuvent être reprises à un intervalle de 8 jours en cas de nécessité.
6° Manoeuvre de Herdman :
HERDMAN examine le nystagmus soit sous lunettes de Frenzel, soit sous caméra vidéo infrarouge. Le patient est gardé dans la position de Hallpike déclenchante pendant 3 minutes.La tête est ensuite tournée lentement en extension jusquà ce que loreille opposée soit vers le bas.Le patient est alors tourné en décubitus latéral du côté de loreille saine, celle-ci étant tournée de 45° vers le bas. Le patient reste dans cette position pendant 3 minutes et est ensuite replacé lentement en position assise. Immédiatement après le traitement, une minerve molle est placée pendant au mois 48 heures pendant lesquelles le patient ne doit pas se coucher, se secouer, ni mouvoir la tête verticalement. Pendant 5 jours, il doit éviter également de se coucher du côté malade.
7° La manoeuvre de VANNUCCHI
Le patient doit se coucher en décubitus latéral du côté sain pendant 12 heures. VANUCCHI obtient une guérison dans 92% de ses patients endéans les 2 jours.
8° Manoeuvre de Lempert : (fig. 11)
Le patient se trouve en position couchée. La tête est tournée de 90° vers loreille saine. Le corps est ensuite tourné de 180° vers loreille saine. La tête est ensuite tournée de 90° vers le bas, de telle façon à ce que le nez soit mis en position verticale. La tête est ensuite tournée de 90° vers loreille affectée. Puis le patient est remis en position assise. Chaque variation dans les positions seffectue très rapidement endéans ½ seconde et chaque position différente est maintenue entre 30 et 60 secondes, jusquà ce que tous les nystagmus obtenus disparaissent.
LE "VESTIBULAR TRAINING"
1° Vestibular Training (VT) de Fujino et al.
Le patient est assis : la direction du regard est modifiée de façon répétitive pendant 1 minute.Ensuite, la position de la tête est modifiée de façon répétitive pendant 1 minute. Après, le patient est debout : il doit rester immobile pendant 1 minute, puis faire 50 pas yeux ouverts et ensuite 50 pas yeux fermés. Tous ces exercices sont à faire pendant 15 minutes 3 fois par jour pendant 8 semaines.
2° Le VHT de Marcel NORRE
Le VHT de Marcel Norre a été largement décrit dans dautres articles. Je rappellerai que dans un premier temps que 19 manoeuvres sont réalisées (tableau 1). Un score est attribué pour chaque position déclenchant (tableau 2) de la façon suivante :
t = durée du vertige en sec.
+ ) + ) degré dintensité du vertige ++ )
AV vertige atypique - sans signe végétatif AV-
avec signe végétatif AV+
TV vertige typique avec nystagmus - sans signe végétatif TV-
avec signe végétatif TV+
Les scores sont additionnés et on peut suivre leur progression en fonction de la rééducation.
3° Il existe différentes autres techniques propres à divers laboratoires
résultats personnels :
VBPPV
150 cas
140 cas unilatéraux : 80 droits - 60 gauches
10 cas bilatéraux
Age : de 25 à 65 ans
Etiologie : Traumatique dans 55% des cas.
Autres : Vasculaire ?
Maladie virale ?
Traitement : Toujours physique : jai comparé la manoeuvre de Semont et le VHT :
Manoeuvre de Semont : dans 50% des cas
VHT : 50% des cas.
Manoeuvre de Semont :
70 cas
1 ou 2 manoeuvres
Nombre de succès : 65 cas
Après 1 manoeuvre : 60 cas
Après 2 manoeuvres : 5 cas
Echec : 5 cas. Succès du VHT dans ces cas : 4 cas
Echec du VHT : 1 cas.
VHT : 70 cas
3 ou 5 exercices par jour durant 1 ou 2 semaines.
Nombre de succès :
après 1 semaine : 60 cas
après 2 semaine : 5 cas
échec : 5 cas : aucun succès de la manoeuvre de Semont dans ces échecs.
HBPPV : 30 cas
Evolution spontanée et moyenne : 2 semaines (2 jours à 4 mois)
38% disparaissent en 1 semaine
Manoeuvre de Vanucchi :
89% de succès
Manoeuvre de Lempert : manoeuvre libératoire : 36% de succès.
Marche à suivre :
1. Réaliser dabord Lempert
2. Manoeuvre de Vanucchi.
* Aucun de nos cas de VBPPV ni de HBPPV na dû être opéré.
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